lundi 16 novembre 2009

LES NÉGATIONNISTES CLIMATIQUES (2)


LO N° 335 (14/11/09)

Et maintenant un superbe article négationniste, datant lui aussi de 2007. Je ne sais pas si Le Monde publierait encore ce genre de choses en 2009…
Je reprends l'article entier — c'est moi qui souligne.

# Tout le monde il est beau, tout le monde il est vert. Le semblant de consensus qui a été mis en avant au sein des groupes de travail préparant le Grenelle de l'environnement fait plaisir à voir. On pouvait en effet tout craindre d'une de ces grandes messes à la française qui décident de grosses bêtises nationales, comme à Grenelle en 1968 où les hausses de salaires ont plombé la compétitivité française pour des années. On pouvait tout craindre de l'alliance objective entre un ministre incompétent en la matière, mais en mal d'exposition médiatique, et les militants écologistes professionnels du tam-tam.

On pouvait, en clair, aboutir à une vague de propositions destinées à montrer que la France est le phare vert de l'humanité polluée, bien symboliques, bien morales, mais plus antiéconomiques les unes que les autres. Et puis, suite connue, tout cela étant irréaliste, et la France ayant à faire de radicales et douloureuses réformes sur bien d'autres points, bien plus urgentes en vérité, rien n'avancerait vraiment. Rappelons que la France héroïne des grandes causes, dont la climatique, ne respecte pas ses engagements du protocole de Kyoto, malgré les avantages immenses en matière de CO2 que lui procure le nucléaire.
Ouf donc. La lecture des propositions livrées "pour nourrir le débat national" ne cassent pas trois pattes à un colvert. Sur le logement, il n'est en effet que temps de favoriser des bâtiments plus économes en énergie (Borloo a fait l'inverse dans ses précédentes fonctions en construisant des milliers de logements vite et pas chers). Sur la taxation du fret routier, mais encore faudrait-il que la SNCF et ses syndicats parviennent à offrir une alternative. Sur l'étiquetage, sur la biodiversité, sur les pesticides, sur tous ces sujets, le consensus était facile, du moins dans la définition des objectifs. Après, on verra...
On doit même s'étonner de la facilité avec laquelle nos écologistes restent "achetables" par des mesures symboliques. Ils vont vanter, par exemple, comme "une victoire spectaculaire sur le lobby automobile", la réduction de la vitesse de 10 km/h sur les routes, mais, outre que ça va horripiler tous les conducteurs, ça ne sert à presque rien : mieux vaudrait éliminer les vieilles voitures polluantes (lire : Ecologie, la grande arnaque, par Christian Gerondeau, Albin Michel).
Mieux vaudrait, stratégie d'ensemble, taxer lourdement les émissions de carbone, mais encore faudrait-il que l'Etat accepte d'abaisser d'autres impôts en compensation pour ne pas alourdir des prélèvements obligatoires déjà records en Europe. De ce débat central-là, le seul de portée réelle de long terme, il n'est parvenu aucun écho du Grenelle... On y a préféré insister pour que les enfants mangent bio à la cantine.
Manger, justement. Le point très inquiétant de cette champêtre symphonie de pipeaux concerne les OGM (organismes génétiquement modifiés). Tout se passe comme s'ils étaient devenus le nouveau totem des militants écologistes. La lutte contre le nucléaire, qui a été à l'origine de nombreux mouvements, n'est plus trop vendable à l'heure du réchauffement climatique : voilà une énergie qui n'émet pas de CO2. Il fallait une autre idole pour mobiliser les foules : la lutte contre le méchant OGM vient à point.
On a toutes raisons de penser que le swap du nucléaire à l'OGM des mouvements écologistes fait l'objet d'un accord avec le gouvernement et avec la CGT. Comme s'il était envisageable pour la France de choisir entre les deux. Comme si au XIXe siècle, à l'arrivée du train et de la voiture, et constatant que les deux n'étaient pas sans dangers, la France avait dit : OK ! Tout pour le train mais zéro voiture ! Ou l'inverse.
On veut donc croire que le délicat problème des OGM sera géré autrement qu'avec un moratoire, comme l'a annoncé un moment Jean-Louis Borloo, avant de se reprendre, heureusement. Moratoire au passage contraire aux lois européennes. Délicat, le problème des OGM l'est au sens où il éclaire très bien le malthusianisme de nos sociétés développées vieillissantes.
Les opinions sont contre les OGM : en Angleterre parce que les écologistes ont crié que ces organismes étaient "contre-nature" et en France parce qu'ils ont expliqué qu'ils allaient "contaminer" notre bouffe et donc notre corps (on est ce que l'on mange). Leur malthusianisme alimente la peur de voir l'homme manipuler l'infiniment petit (atome, gène, nanotechnologies) et ce faisant de se "pervertir" intimement, sans le voir, mais irréversiblement.
Face aux opinions désinformées, les autorités peinent à imposer des attitudes raisonnables. Elles veulent rester "prudentes mais pas fermées", comme l'explique Marion Guillou, PDG de l'INRA avec l'idée qu'on ne peut pas refuser a priori toutes ces potentialités d'innovation pour l'agriculture, pour la santé, pour l'énergie. Les besoins de nourriture vont doubler sur la planète d'ici à 2050. Comme la terre arable et l'eau vont manquer, les OGM vont aider à répondre à ce défi mondial.
La France, forte dans le nucléaire et l'agriculture, ne peut se priver ni de sa capacité de recherche (ce qui impose de pouvoir au minimum poursuivre les cultures d'essai en plein champ) ni de ses atouts dans l'agro-industrie. Il faut prendre des précautions, jamais que les précautions prennent le dessus. En 1492, pour sortir du Moyen Age, l'homme a dû vaincre sa peur inverse, celle du grand large.
Eric Le Boucher
Article paru dans l'édition du 30.09.07.
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Tout juste s'il ne nous dit pas : remettons les choses à l'endroit, en fait, c'est le réchauffement climatique qui est responsable de l'augmentation de CO2 dans l'atmosphère.

MAIS, en fait, oui, si vous voulez encore un de ces fameux cycles de rétroaction positive (RA+) que j'adore : les océans sont censés absorber du CO2, mais celui-ci est moins soluble dans l'eau chaude que dans l'eau froide. Si bien que l'océan, arrivé à un certain seuil de T°, rejettera du CO2 au lieu d'en absorber. Boucle bouclée : l'effet de serre dû au CO2 réchauffe les océans qui du coup rejettent du CO2 qui provoque de l'effet de serre donc du réchauffement climatique… Etc.
Partant de là, si, à cause de l'élévation de T°, les océans se mettent à libérer du CO2, une diminution des émissions humaines n'y changera rien.
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CADEAU NÉGATIONNISTE : Un lien vers :
Où l'on découvre un site qui travaille à décrédibiliser systématiquement les grands courants et associations écolos comme Greenpeace ou WWF, à dénoncer les dénonciateurs, forcément pas crédibles, pas sérieux, pas tekno-scientos, passéistes, retourneurs à la bougie, primitifs adorateurs de totems, d'idoles, malthusiens (la grande injure), décroissants, ennuyeux, moralistes, rigides, cul serré…
Et surtout antiéconomistes !
Tout ça menant à quoi ? on se le demande. Révélation d'un énorme lobbyisme vert ? AHAH ! Le créateur du magazine "L'Age de faire" serait un spécialiste de la communication… un manipulateur d'opinion, quoi ! C'est terrible, ce complot planétaire de lobbies écolo ultra puissants, cryptocommunistes — et pourquoi pas judéo-maçonniques, aussi ? — qui prennent le monde en otage. Terrorisme climatique !
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Détournement de conversation
(Note de 2007 encore) : Aux infos, on nous ressort les OVNIs. Et puis la NASA nous montre des films du soleil qui mettent en évidence le dynamisme de la bête : turbulences, ouragans nucléaires, tâches solaires.
Qu'est-ce à dire ? Détournement de l'attention ou manière de dire "le réchauffement climatique, c'est pas moi, m'sieur, on n'y est pour rien et on n'y peut rien, c'est la faute au soleil."
Ajoutons, depuis, les menaces d'astéroïdes baladeurs, ou la fin du monde en 2012 selon le calendrier Maya.
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— La meilleure preuve qu'il y a de la vie intelligente dans l'univers, c'est qu'ils ne nous ont pas rendu visite.
— Les extraterrestres, je vois pas pourquoi ils nous rendraient visite, c'est tout pourri, ici.
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Et pour compléter, une longue citation concernant notre rapport à la science.
« […] dans le domaine de la physique, par conséquent le plus à même d'offrir une plus grande résistance au scepticisme grâce à un langage d'expert qui rassure, charme ou enthousiasme la majorité des personnes qui attendent de la science qu'elle conforte (ou ne contredise pas) leurs croyances ou leurs rêves, et qui pourtant la comprennent difficilement. Au passage, il faut noter en effet que la relation sociologique qu'entretient une grande partie de la société avec la science est hélas fondée à la fois sur une :
- déception : la science explicite tout, brise peu à peu tous les mystères et l'imaginaire, montre que la vie et l'homme ne sont au fond que des briques avec lesquelles le génie génétique peut faire joujou, prive l'homme de son libre-arbitre — la conscience n'est-elle pas selon les grands biologistes Changeux ou Edelman une propriété émergente des structures biochimiques ?
- défiance : la science apporte les instruments de rationalisation des moyens et des économies dans le monde, avec les conséquences sociales que l'on sait, alors que, en même temps, ce sont les progrès technologiques qu'elle génère qui justifient cette rationalisation.
- indifférence : tout en évoluant dans un univers technologique construit par elle, et tout en jouissant de ses produits, peu de gens se soucient de la nécessité non seulement de connaître ses résultats, mais encore et surtout d'estimer les valeurs de l'esprit scientifique et sa démarche : souvent on se contente d'émettre des opinions très approximatives dans un sens comme dans l'autre sur des sujets qui font courir les foules (OGM, trou d'ozone, nucléaire, effet de serre, pollution, maladies émergentes, paranormal, médecines parallèles, téléphones portables, etc) sans faire l'effort de réfléchir scientifiquement sur les données. Il est vrai que, paradoxalement, en cette époque de communications sans précédent, il s'avère difficile de savoir quelles sont les "bonnes" données ? (Frédéric Elie, 2003. "Méthode expérimentale et ovnis". Article sur son site)





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