vendredi 22 janvier 2010

ZOMBIES…


LO 353 (21 01 10)

HAÏTI, ça fait très mal.

"Se sou chen mèg yo wè pis" =
"Seul le chien maigre est accusé d'avoir des puces"

On entend des tas de bêtises : L'énigme d'un séisme… l'injustice de la nature… le séisme aveugle… qu'est ce qu'on a fait au bon dieu pour mériter ça…? Haïti île maudite… paye pour avoir exercé trop tôt son besoin de liberté…
« Dieu, qu’ont-ils fait de mal pour que tu les martyrises, ces enfants mal-aimés, sacrifiés, orphelins ? Ils chérissaient ton nom, vénéraient tes églises. Ils n’avaient pas grand-chose. A présent, ils n’ont plus rien » (Aznavour)
Pourquoi, mon Dieu, pourquoi ? Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu pour que……… Gna gna gna… Dieu, le Diable, le bien, le mal, la souffrance des innocents. Une punition de Dieu, bien sûr, à moins que le Diable s'en soit mêlé. Le télévangéliste Pat Robertson déclare sans rire que les esclaves haïtiens ayant conclu jadis un pacte avec le Diable, le peuple en paye le prix aujourd'hui. Au lendemain du 11 septembre, et à la suite de Katrina, le même télévangéliste était d'avis que les attentats tenaient au fait que « les Américains approuvent l'avortement, l'homosexualité et la séparation de l'Église et de l'État ».  
Punition. Malédiction. Sacrifice ! Les dieux veulent du sang, depuis toujours ! Mais d'où vient cette notion putride de sacrifice ? Une épreuve envoyée par Dieu ? Que dire à ça, sinon : CONNARD !

Bon tout le monde n'est pas mort, hein ?! Sinon, ça serait de la non-assistance à humanité en danger. C'est bien la preuve que Dieu est avec nous. Halleluyah ! Il y aurait pu en plus y avoir un tsunami, un cyclone, une épidémie de grippe A, une invasion de sauterelles, une grève de métro, un furoncle sur le nez d'Obama…
Un prêtre catholique d’origine haïtienne: « Imaginons un peu, dit-il, si c’était arrivé par exemple à 5 heures du matin, les résultats seraient plus catastrophiques. Dans tout ça, on voit, malgré tout, la main de Dieu. Dieu a vraiment un amour spécial pour ce peuple. »
CONNARD !

On pourrait arrêter de parler de "miracle" chaque fois qu'on sort un vivant des décombres ? Il n'y a pas de miracles. Il y a certaines capacités de survie de l'être humain auxquelles on ne s'attendait pas, et l'obstination enragée des sauveteurs humains, c'est tout.

Ni prier ni piller : manger.



Les secours continuent d'arriver. Et les secousses.
Largage d'urgence. Vaut-il mieux assurer comme ça l'urgence, avec bagarres à la clé. Ou dire aux gens : attendez encore 8 jours, qu'on ait débarqué, dressé des centres de distribution, organisé les files d'attente ?
Même question pour la médecine et la chirurgie, comme à la guerre : on ne s'acharne pas sur les plus grands blessés, dont on sait que de toute façon ils sont foutus.
Les USA aux premières loges, c'est normal : ils sont les plus proches et ils ont de gros moyens, malgré la crise. Solidarité géographique. Ils ont aussi à se refaire une santé compassionnelle, une refondation morale. Rédimer Katrina. Et le reste, les guerre, Irak, Afghanistan : montrer qu'ils savent faire autre chose, déployer la même puissance, la même technicité pour le bien. Et puis quelque chose comme une solidarité noire, obamesque.
Après, bon, qu'ils débarquent avec leurs gros rangers, les armes et tout et qu'ils donnent l'impression de vouloir avant tout maintenir l'ordre, c'est dans l'ordre des choses. On est les Américains, on est les héros, les plus forts, on débarque, poussez-vous.
On n'attend plus que des drones capables d'envoyer une bouteille d'eau directement dans la main d'un Haïtien isolé…

Ils vivaient dans des taudis ? Pas forcément. Beaucoup de béton (mauvais béton, sans doute). Le bâtiment de l'ONU (la "mission de stabilisation"!) a particulièrement morflé. A étages comme un HLM et sans normes sismiques. (On savait pas que la région est sur une faille ???)



Ici, les vivants cohabitent avec les morts. Mais ça a toujours été le cas ! On espérait la disparition d'une bonne centaine de mille d'humains de la surface du monde, ça serait déjà ça, mais en Haïti, ils ont un truc, le vaudou, pour faire revenir les morts sous forme de zombies, esclaves décervelés qui vont tout reconstruire ! Une ville de tombes en béton !

Le Shark : « On va reconstruire. J'appelle tout de suite mon ami Bouyghes. »

Avec ça, le festival Étonnants Voyageurs rayé de la carte. Mais que n'est-il resté à St Malo ?!

On apprend des mots d'Anglais : havoc = ravages.

On a parlé de réfugiés politiques ; on commence à parler de réfugiés climatiques ; mais il va falloir élargir le champ : partout des réfugiés catastrophiques. Les catastrophes incluant politique, guerres, climat, tsunamis, séismes, épidémies.

Pendant ce temps, en France, neige, verglas, pluie, les pavés sont glissants, on déplore des cols du fémur et des Alix enfin orphelins.

Et les bonus toujours sont mirobolants.
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Pour d'autres considérations sur Haïti, on peut se reporter à mes LO du temps de Katrina (44, 46, 47, 49) et d'autres évoquant plus généralement la question des épidémies (grippe aviaire, à l'époque) et des prétendus risques d'épidémies liées aux catastrophes. (57, 58)

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