vendredi 22 décembre 2017

"ALONE ON MOON" / 2


(L'apprentissage des anges)
Qui dira la vie rêvée d'Ève et les virages de vie ? (Rose sœur, trésor d'aurore, arrosée de rosée, j'honore tes seins, femme fractale, tes seins imaginaires volcans en irruption.)
Ève sans vêtements, rêvée, au pied de l'art de vivre, la nourriture des dieux sous l'effroi des cathédrales. Tes cheveux ont la beauté vénéneuse d'un mois de mai interrompu.
Le serpent présent aux écailles saillantes, le profane révélateur en costume d'Adam, le plus nu de tous les animaux.
La tentation des sensations à plein poumon, à bouche que veux-tu.
La faute en juillet, la chute en aout – et sans filet, débandade d'altitude, acrobate idéale.
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Voilà le sort qui t'attend, béant :
Quand les poulpes auront des dents, quand les gloutons auront cinq blattes, tu plongeras dans l'amertume du déluge divin sans ceinture de sauvetage et grimperas sans bouée Babel, l'arène de Babylone, la reine des baleines, dans l'éther délétère, avec des inconnus cul nu, des étrangers mélangés, atterrés de retour.
Les fileuses d'étoiles plurielles glaneront dans les champs d'asphodèles des voiles sans bateaux, des ailes sans oiseaux, des haches sans bourreaux, des fumées sans feu, des mélodies sans royaume céleste, des plans sans astres et des aurores sans boréales.
Dans la pâleur anachronique du ciel, un inconnu descendra à travers les âges des nuages sévères. Dans ce colporteur de miracles, l'autre enfin revenu, tu reconnaitras ton maitre (mais comment reconnaitre un inconnu ?).
Un ange féroce a prononcé sur toi une sentence de mort.
Au téléphone fantôme, il dira à voix désincarnée des contes étranges où des Comtes transylvaniens extravagants étranglent des passants et les purgent de leur sang – maladie de peau.
La façon dont tu attends le fouet avec une infinie patience et une précision chirurgicale trahit ton ivresse.
Quand tu seras passée entre ses mains, tu seras hors de prix. Même l'enfer vorace ne voudra pas de toi. (Que le diable l'emporte !)
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La nuit, déjà, la pluie, et puis soudain les puits d'où surnagent des paroles de guerre lasse venues à pas de louve avec l'enfant de l'enfer en chair et en noces épris en plein flagrant délit dans la touffeur de l'été coton. (Et dire que Jupiter n'en sait rien !)
Le gout du soufre t'entrainera dans le plus simple appareil, nue et ardente, au gouffre où gémissent des anges gémissants, palpant des chairs immenses :
Un cadavre en cadeau, sacrifice en vrac au très-haut, avidité du vide âgé où le sens absent baigne dans son sang, comme dans un bouillon maigre, bol aveugle : un album de photos au fond de l'abdomen, souvenirs empruntés aux plongeons. (Après, bien sûr, il faudra vider la piscine.)
Tu te souviendras de crépuscules répugnants aux rives de l'ivresse, des campanules sous la lune, d'amourettes sans importance aussi bizarres que des brouettes sans nains et de la fascination mystérieuse des araignées amères, des cactus aux épines brulantes, tropiques aux fleurs de ton vagin, des poissons morts de froid dans l'abime et des belladones bucoliques à l'odeur écœurante.
Entre des cathédrales incrédules et des cavernes sans âge, tu déjanteras, disjoncteras, déchanteras comme une fleur perd les pédales, comme un arbre s'effeuille – fille de barbarie, les doigts crochus d'atomes. (Pensez aux affinités électives, aux attracteurs étranges qui échangent leurs molles molécules et leurs atomes crochus.)
Tu mangeras des yeux cuits sous la braise avec des dames damnées.
– Et des mirages de moules offertes.
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(Plus tard, au plaisir musculaire sur le sable acéré des dunes au crépuscule, tu préfèreras la lecture féroce de "L'Enfer".)
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à suivre
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